dimanche, mars 01, 2009

< Morts sans tombes, danse macabre >

Extinction d'un possible

Mort sans tombe, poubelle ouverte

Première


Ce n'était - pas le moment

Pas le moment, pas le moment

Nous ne - pouvions pas

Pas d'argent


Pas la place, pas de confiance, pas d'intime


Son amour est parti, elle ne va pas rester

Rester - toute seule

Mais pas toute seule, elle n'est pas toute seule

Se sent toute seule depuis

Depuis des mois

Elle - je - nous

Nous

Porte de cimetière ouverte, il ne faut pas

Il faut fermer ces portes, des jeunes pourraient profaner les tombes

Absence de tombe, l'amour est un cimetière

Cimetière depuis la tombe

Tombe arrachée, haute lutte

Cimetière maintenant, une tombe

Sans tombe, poubelle

Elle - je - nous

Cimetière

Pas rester

Ce petit cristal

De nous

A la poubelle

Ce petit bout

De nous

Au cimetière

Ce grand amour

De nous


Porte fermée, porte ouverte

Pleurs cris violence indifférence et meurtre

Affects évaporés, on oublie

Pas de mots

Des jeunes pourraient profaner


Solitude

Noirceur

Doigts qui ne s'étendent pas

Regards ailleurs

Des peaux lointaines

Des élans au-dedans

Au-dedans, au-dedans, au-dedans

Retrouver, perdre, tuer, jeter


Liquidation d'une possibilité, première

Caméra noir et blanc, fouille les creux

Ça bouge, ça vit, ça meurt

À liquider, à jeter, pas de mots, pas de mots, pas de signes, pas de sens

Liquidation des creux de vie, des poches d'amour

Désert, cimetière, champ de ruines, champ de ruines - évaporées poussière

Eros et thanatos néant, liquidation totale sans flux, tout part à des vitesses extrêmes

Aspiration des creux poubelle

Il n'y a rien à voir


Quels sont ces corps rompus sur le rivage

Défaits dans le sommeil, abrutis de travail

Hier encore petits sourires yeux tristes, "je te considère comme mon meilleur ami"

Éclatement des bulles de savon

Rayer les masques, secouer les arbres plantés dans l'existence

Interroger les brins d'herbe que nous sommes

Prendre la mesure du vent

Quels sont ces corps rompus sur le rivage

En des postures bizarres

Desséchés bouche ouverte le vent le sable du désert emporte leur peau leur chair, leurs os s'offrent aux bédouins, la traversée est rude


Le choc est fort, la mort est là

Tabula rasa, terre brûlée, ne s'est-il rien passé

Affects offerts à l'usine et infusés dans le sable du désert

Dans la poubelle plus qu'un lambeau de sang

Lancinantes mélodies face à un ciel désert

"Je ne rêve plus, je ne fais que pleurer, comme une malade mentale qu'on n'aurait pas soigné"


Des corps recroquevillés qui cherchent dans leurs entrailles une étincelle de vie

Une mèche de bougie éteinte

Vie à mourir, vie à venir, une vie quelconque qui sourd

Un peu de vie qui reste


Sur un rivage non-humain des corps recroquevillés

Rejetés par les vagues

À l'âme, dernières amies, étranges


Silence dans la salle

Les corps

Évidés

Pourront-ils se mouvoir

Écroulés sur la scène


La salle est vide, lumières éteintes

Des larmes sèches courent jusque dans les coins de ses rondeurs

La porte de ce cimetière se ferme

Mouvements ?

Tombe ?

Des flux secs parcourant la poubelle ?

L'évènement assourdissant trouvera-t-il sa transe ?


L'évènement assourdissant sera-t-il entendu

Ou la poubelle trônera-t-elle triomphante ?


Quelle est la force de ces corps liquidés ?


Extinction d'un possible, mort sans tombe

Poubelle ouverte, évènement insondable

Première et deux jours

D'un mort mort-jeté


"A trop penser, on s'enlise

Et on devient vite

Suicidaire"

Quel est

Quel est ce petit nœud

Sourd et fort

Mèche d'une bougie d'une bombe de cheveux allumée dans le vent menacée par la cire

Qui se noue en mon fond et me tue et m'étrangle

Extrémités tremblantes

Cœur qui se serre, cœur qui vit

Épuisement, mon cœur

Petit nœud qui m'accroche