lundi, mars 27, 2006

< pas le son graphique >

Mortelle embûche foireuse qui pleut

Givâratoire en sel plombé, suce crève plume

Grouillant aspect rideux phacochère à poils rances

Silo d’avoine moisi et auge d’eau croupie

Dur à cuire l’œuf pourri sur le sol poussiéreux.

Ça n’a pas de sens, ça sonne. J’écoute Thiéfaine, chambre 2023 sans m’être tapé le reste, une seconde pour chacune. Aucune volonté de faire sens, le sens me dépasse, il est dans les mots, car le langage coule en moi, il m’englobe et me porte et je n’ai rien à dire, je ne sais rien de ce que je dis, en particulier comme en général, une pelote à prendre ou à laisser, à démêler en gardant la pièce dans la main même. Ce n’est pas l’explicitation qui a du charme, c’est le nœud ; l’explicitation est belle et forte, mais elle n’est pas humaine, et c’est pourtant ça qui nous manque, et que ne peut satisfaire l’imaginaire de pacotille, post-modernisme sans histoire ni culture, qui a le vent en poupe et entend faire nœud par le dualisme imaginaire et science dans le culte de la conscience. Je remets Thiéfaine, l’entier cédé. Je ne peux avoir conscience de ce que je n’ai pas conscience, et comme la conscience vient mais n’est pas prise, c’est la prise de conscience qui part en premier, puis l’inconscient qui suit, et tout le reste, ce qui nous qualifie comme « animaux », comme justement des non-animaux mais humains, Descartes s’est planté. La conscience n’est pas la fin et le résultat, mais le « bon sens », comme il dit, le plus petit dénominateur commun, ce qui est humain c’est de la dépasser, ce qui ne signifie pas un plus de conscience, parce qu’il n’y a pas de résultat (la conscience s’enrichit, forcément, mais reste toujours en dessous).

Y boire lactée cyrose

Pleure en champs cactée d’irumen sarcophage

Marrante pirogue au siècle d’escaboche

Flou salé poivré d’or

Il y a les mots et il y a les sons, qui ne disent rien, qui disent beaucoup plus.

Huée d’étrons salés filamore éfilée salsifi rectangule

Epiphanie d’isis mauve en carcan

Pleurant les steppes froidies

Douchera les morveux

Diurne oiseau de proie haché

Tu meurs en bouillonnements de salive

Jivaro écrasé sur la toile du dimanche

Girafe au cou d’ivoire qui tremble

Hurlant sa peur d’y voir

Pliure riante d’espace

Froide aporie t’emmène

Voulu le câble et l’as

Rejeté cérumen

Kimono poncho sofa

Tag illisible sur ta toile

Figure de mort en marques

Huit de cœur sur carré d’as

Point à la ligne finie la transe

Attraction séductrice te plombe au sol misère

Grignotant las épique, griffon grattant la terre

Piquant sa lance épi, roide affaire au miroir

Durant lueur d’espoir, touchant au but semblait

Gare au loup gare à l’est, rails anthropiques nous malmènent

Enfant cynique secoue la boîte : Pandore !? — à tout fini !

Dis-moi blanche boue chaude si les roses ont des petits ou les bombes nous suffisent

Carrefour giratoire : cinq au pas !

Cinq au pas, cinq au pet, cinq cent charrettes par ânes tirées

Pour quel x, pour quel mot après tiret

Etrange atmosphère qui plane sur cette terre. Miroite en escarcelles d’ivoire nacré, la Joconde étourdie attend son heure d’entrée, si ce n’est la rambarde qui fuit sous le pavé. Alors — les rutilantes hécatombes maudiront la soulève, et s’éteindront flambées dans une gerbe poivrée. Il se peut — il se peut ! — que la gouaille éternelle d’un pays oublié l’emporte sur la stèle qui bénit la cité. Gloire au tournant qui chavire le bateau, les dames à fleur d’eau protègent leur vaine peau qu’elles savent bien frigide ; les matelots huent le virage et cravachent la coque les yeux exorbités. Lupe anar à rive ! — danger ! (voix d’Artaud)

Le son, celui de l’électro, est graphique : du son peint. Déjà image de son, ce que la main dessine est toujours mort de soi. Ce n’est pas ce son là que je nous souhaite. Puissance de la représentation : son non graphique = sonnons graphique.